GARNIER, Louis – Du cométique à l'avion : les Pères Eudistes sur la Côte-Nord (1903-1946)
GARNIER, Louis. Du cométique à l'avion : les Pères Eudistes sur la Côte-Nord (1903-1946). Québec, P. Larose, 1947, 297 p. Disponible en ligne :
http://www.ourroots.ca/toc.aspx?id=12127&qryID=128231c8-1219-433c-b428-11772f9079fd, consulté le 5 décembre 2012.
Notes de lecture
p.4 [Vers 1820] de hardis pêcheurs de Berthier et
des environs, poussés peut-être par le souvenir des grandes équipées
labradoriennes de Louis Jolliet, Seigneur d'Anticosti et des Iles de
Mingan, se décident aussi à tenter la grande aventure. Bons marins,
vrais loups de mer comme tant de riverains du Saint-Laurent, ils
s'embarquent sur de petites goélettes à voiles qu'ils dirigent à
merveille. Le voyage long et pénible a demandé des semaines, et la
saison est déjà bien avancée quand les gars de Berthier pénètrent dans
la Baie de Brador à huit cents milles de leur village. Surpris de
pouvoir mettre le pied au Vieux Fort, le port de mer des temps passés,
sur de petits terrains défrichés, ils y dressent leurs tentes. Des
pêcheurs Terreneuviens établis non loin d'eux leur montrent des vigneaux
chargés de belles [p.5] morues et des hangars remplis de poissons salé. Jamais d'aussi belles prises n'ont été faites à Berthier !
[p.5] Ainsi se sont fixés, sur ce territoire
aujourd'hui confié à son Excellence Mgr Sheffer, O.M.I., une quarantaine
de familles originaires de Berthier. Quelques noms sont bien connus
là-bas : Labadie, Morency, Beaudoin, Lavallée, Maurice, Marcoux,
Bilodeau, Lessard, Nadeau. Il faut ajouter à cette liste les Mauger,
venus directement de Jersey. D'origine protestante, ils se sont
convertis au catholicisme. Les familles Blais, Collard, Guillementte,
Mercier, Galibois, Métivier, Babbut, Anderson, Osborne, Sturbert
[Stubbert], ont fondé ''la Romaine'' et d'autres petits villages.
[p.6] Prenez une barge à Natashquan, suivez la rive
jusqu'à Blanc-Sablon, vous les trouverez coquettement situés face à la
mer, tantôt sur des rochers nus, tantôt au bord d'une rivière ou bien
autour d'une grève rocheuse protégée par des îles. Leurs habitants y
mènent une vie honnâte, chrétienne, y exercent un métier ordinairement
lucratif. Rien, maintenant, ne pourrait les décider à quitter ces lieux
qu'ils aiment et chérissent tout autant que le cultivateur aime et
chérit la terre sur laquelle il est né.
En 1784, les pêcheurs de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et
de la Baie des Chaleurs sont signalés à la Romaine et à Kégaska où ils
ont des établissements de pêche. Mais la terre du nord ne les retint pas
longtemps. Il faudra que de vaillants acadiens abordent un jour sur la
Côte Nord et s'y installent pour qu'on ait désormais en ces lieux des
groupements fixés et stabilisés. Montés sur leurs goélettes légères,
excellents marins, ils ne craignent pas de voguer dans le grand large ni
d'emmener avec eux les femmes, les enfants, tout leur avoir si c'est
nécessaire.
En 1852, les Acadiens des Iles-de-la-Madeleine souffrent dans leurs
âmes et dans leur liberté. ''Les plaies d'Égypte'' disent-ils, sont
tombées sur nous. Les trois premières, ce sont les mauvaises récoltes,
les seigneurs et les marchands. Les quatre autres nous ont été apportées
par les gens de loi. Dès que [p.7] les avocats parurent sur les Iles, il n'y eut plus moyen d'y tenir''.
[p.7] De 1854 à 1865, environ cent vingt-cinq
familles acadiennes abandonnèrent définitivement leur patrie,
quelques0uns choisirent Kégaska à l'étroit passage... mais n'y
demeurèrent que très peu de temps.
[p.7] Mentionnons, pour mémoire, un autre poste, les [p.8]
''Betchouan'' où le missionnaire de Natashquan, Monsieur l'abbé Boutin
vient, en 1885, chercher de peuvres paroissiens réduits à la isère. La
pêche, principale ressource pour la plupart, ne donne plus dans toute la
région. Conduits par ce prêtre courageux, ces pêcheurs, ainsi que
plusieurs de leurs compatriotes de Natashquan, deviennent les colons
fondateurs de Saint-Georges de Beauce, P.Q.
[p.16] C'est ainsi qu'en 1847 Monsieur Desruisseaux
s'embarque à la Baie des Chaleurs en compagnie de nombreux pêcheurs
acadiens. La goélette qui le porte est commandée par le capitaine
Woodings. Elle pénètre dans le havre de Kégaska le 13 juin.
[p.19] Monseigneur Langevin de Rimouski fut le
premier évêque qui accomplit une tournée pastorale sur la Côte [info à
vérifier]. C'était en 1875. Il parcourut presque tout le littoral en
goélette, releva le courage des missionnaires, bénit plusieurs chapelles
nouvelles; confirma même un vieillard de 99 ans; mais épuisé par cette
course, il convainquit ses confrères dasn l'épiscopat de la difficulté
d'administrer ce territoire, à peu près sans communication en hiver. Les
démarches aboutirent en 1882. La Côte Nord fut érigée en préfecture
apostolique et le premier titulaire en fut l'abbé F.-X. Bossé, curé de
la Gaspésie [...].
[p.41] [À l'aide d'une scie spéciale, on trace un chenal dans la glace de deux pieds d'épaisseur.]
[p.50] À partir de 1926, surtout depuis 1927, une
cruelle épreuve atteint les pêcheurs de la Côte-Nord. Les regards
surpris aperçoivent tout à coup, au large des baies et des anses, jadis
si poissonneuses, des bandes énormes de marsouins. Déjà, en 1919,
quelques ''dos blancs'' avaient été vus ici et là... on n'y avait pas
prêté grande attention. Cette fois, ils se montrent par milliers,
plongeant et remontant à la surface, très rapprochés les uns des autres,
sur des distances énormes, deux, trois, quatre milles ou davantage. Ces
cétacés suivent la rive, contournent les baies, cherchant, sans doute, et happant au passage le capelan ou le lançon, petits poissons dont les
pêcheurs font un appât très recherché de la morue. Comme un feu de
forêt qui qui brûle tout sur son passage, ces incursions chassent tous
les poissons, surtout la morue, dès les premiers jours de juin.