GARNIER, Louis – Du cométique à l'avion : les Pères Eudistes sur la Côte-Nord (1903-1946)

GARNIER, Louis. Du cométique à l'avion : les Pères Eudistes sur la Côte-Nord (1903-1946). Québec, P. Larose, 1947, 297 p. Disponible en ligne : 

Notes de lecture

p.4 [Vers 1820] de hardis pêcheurs de Berthier et des environs, poussés peut-être par le souvenir des grandes équipées labradoriennes de Louis Jolliet, Seigneur d'Anticosti et des Iles de Mingan, se décident aussi à tenter la grande aventure. Bons marins, vrais loups de mer comme tant de riverains du Saint-Laurent, ils s'embarquent sur de petites goélettes à voiles qu'ils dirigent à merveille. Le voyage long et pénible a demandé des semaines, et la saison est déjà bien avancée quand les gars de Berthier pénètrent dans la Baie de Brador à huit cents milles de leur village. Surpris de pouvoir mettre le pied au Vieux Fort, le port de mer des temps passés, sur de petits terrains défrichés, ils y dressent leurs tentes. Des pêcheurs Terreneuviens établis non loin d'eux leur montrent des vigneaux chargés de belles [p.5] morues et des hangars remplis de poissons salé. Jamais d'aussi belles prises n'ont été faites à Berthier !

[p.5] Ainsi se sont fixés, sur ce territoire aujourd'hui confié à son Excellence Mgr Sheffer, O.M.I., une quarantaine de familles originaires de Berthier. Quelques noms sont bien connus là-bas : Labadie, Morency, Beaudoin, Lavallée, Maurice, Marcoux, Bilodeau, Lessard, Nadeau. Il faut ajouter à cette liste les Mauger, venus directement de Jersey. D'origine protestante, ils se sont convertis au catholicisme. Les familles Blais, Collard, Guillementte, Mercier, Galibois, Métivier, Babbut, Anderson, Osborne, Sturbert [Stubbert], ont fondé ''la Romaine'' et d'autres petits villages.

[p.6] Prenez une barge à Natashquan, suivez la rive jusqu'à Blanc-Sablon, vous les trouverez coquettement situés face à la mer, tantôt sur des rochers nus, tantôt au bord d'une rivière ou bien autour d'une grève rocheuse protégée par des îles. Leurs habitants y mènent une vie honnâte, chrétienne, y exercent un métier ordinairement lucratif. Rien, maintenant, ne pourrait les décider à quitter ces lieux qu'ils aiment et chérissent tout autant que le cultivateur aime et chérit la terre sur laquelle il est né.

En 1784, les pêcheurs de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de la Baie des Chaleurs sont signalés à la Romaine et à Kégaska où ils ont des établissements de pêche. Mais la terre du nord ne les retint pas longtemps. Il faudra que de vaillants acadiens abordent un jour sur la Côte Nord et s'y installent pour qu'on ait désormais en ces lieux des groupements fixés et stabilisés. Montés sur leurs goélettes légères, excellents marins, ils ne craignent pas de voguer dans le grand large ni d'emmener avec eux les femmes, les enfants, tout leur avoir si c'est nécessaire.

En 1852, les Acadiens des Iles-de-la-Madeleine souffrent dans leurs âmes et dans leur liberté. ''Les plaies d'Égypte'' disent-ils, sont tombées sur nous. Les trois premières, ce sont les mauvaises récoltes, les seigneurs et les marchands. Les quatre autres nous ont été apportées par les gens de loi. Dès que [p.7] les avocats parurent sur les Iles, il n'y eut plus moyen d'y tenir''.

[p.7] De 1854 à 1865, environ cent vingt-cinq familles acadiennes abandonnèrent définitivement leur patrie, quelques0uns choisirent Kégaska à l'étroit passage... mais n'y demeurèrent que très peu de temps.

[p.7] Mentionnons, pour mémoire, un autre poste, les [p.8] ''Betchouan'' où le missionnaire de Natashquan, Monsieur l'abbé Boutin vient, en 1885, chercher de peuvres paroissiens réduits à la isère. La pêche, principale ressource pour la plupart, ne donne plus dans toute la région. Conduits par ce prêtre courageux, ces pêcheurs, ainsi que plusieurs de leurs compatriotes de Natashquan, deviennent les colons fondateurs de Saint-Georges de Beauce, P.Q.

[p.16] C'est ainsi qu'en 1847 Monsieur Desruisseaux s'embarque à la Baie des Chaleurs en compagnie de nombreux pêcheurs acadiens. La goélette qui le porte est commandée par le capitaine Woodings. Elle pénètre dans le havre de Kégaska le 13 juin.

[p.19] Monseigneur Langevin de Rimouski fut le premier évêque qui accomplit une tournée pastorale sur la Côte [info à vérifier]. C'était en 1875. Il parcourut presque tout le littoral en goélette, releva le courage des missionnaires, bénit plusieurs chapelles nouvelles; confirma même un vieillard de 99 ans; mais épuisé par cette course, il convainquit ses confrères dasn l'épiscopat de la difficulté d'administrer ce territoire, à peu près sans communication en hiver. Les démarches aboutirent en 1882. La Côte Nord fut érigée en préfecture apostolique et le premier titulaire en fut l'abbé F.-X. Bossé, curé de la Gaspésie [...].

[p.41] [À l'aide d'une scie spéciale, on trace un chenal dans la glace de deux pieds d'épaisseur.]

[p.50] À partir de 1926, surtout depuis 1927, une cruelle épreuve atteint les pêcheurs de la Côte-Nord. Les regards surpris aperçoivent tout à coup, au large des baies et des anses, jadis si poissonneuses, des bandes énormes de marsouins. Déjà, en 1919, quelques ''dos blancs'' avaient été vus ici et là... on n'y avait pas prêté grande attention. Cette fois, ils se montrent par milliers, plongeant et remontant à la surface, très rapprochés les uns des autres, sur des distances énormes, deux, trois, quatre milles ou davantage. Ces cétacés suivent la rive, contournent les baies, cherchant, sans doute, et happant au passage le capelan ou le lançon, petits poissons dont les pêcheurs font un appât très recherché de la morue. Comme un feu de forêt qui qui brûle tout sur son passage, ces incursions chassent tous les poissons, surtout la morue, dès les premiers jours de juin.