Natashquan
p.114 La Petite Natashquan, qui se jette
dans le golfe Saint-Laurent près de l'église, est une rivière peu
considérable qui assèche à peu près lorsque la mer est basse. Elle offre
néanmoins de grands avantages aux habitants des environs qui viennent
chercher sur ses rives le bois de chauffage dont ils ont besoin.
p.115 Il y a de la petite truite en abondance, surtout au pied des deux premières chutes.
Cette petite rivière, écrit M. l'arpenteur Hould, est recherchée par
certains chasseurs qui se font un salaire raisonnable chaque hiver (1).
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Natashquan et Duval, le premier à l'ouest le second à
l'est de la rivière, forment deux cantons distincts qui ont acuis une
certaine importance à cause de leur immenses gisements de sable
magnétique.
Dans Natashquan, le blac A, comprenant 285 acres et une île de 50
âcres située à l'embouchure de la rivière, ont été cendues en 1904 à M.
Théodore Labatt.
Le canton Duval comprend 9333 acres également concédées.
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Rivière Kégaska
p.115 Cette rivière de la côte nord se trouve à 21 milles à l'est de la grande rivière Natashquan, et à 498 milles de Québec.
D'un accès facile, elle offre en outre un havre excellent aux embarcations de volume moyen. La première chute [p.116]
se rencontre à un mille de l'embouchure et est formée de deux cascades
de 125 pieds de longueur et de plus de 40 pieds de hauteur. La deuxième
chute est à trois quarts de mille de la première et [a] une hauteur de
dix pieds. La troisième cascade, de 15 pieds de haut, est un demi-mille
de la seconde, la quatrième, 10 pieds de hauteur, à 280 verges de la
dernière et la cinquième, 30 pieds de hauteur, à deux milles de distance
de la quatrième.
Les bords de la rivière sont complètement dénués de bois (2).
M. de Puyjalon la représente comme une rivière très poissonneuse. Le
saumon y est petit en vérité, mais abondant. Quant à la truite, il peut
s'y en prendre presqu'à volonté.
M. C.-E. Lemoine A. G., assure que cette rivière est supérieure à toutes les autres pour la pêche à la ligne (3).
Comme territoire de chasse, on ne saurait trouver beaucoup mieux. Le
renard et les autres animaux à fourrure pullulent dans cette région.
M. de Puyjalon assure en outre que le canard eider, le canard noir et
l'outarde viennent y installer leurs nids. Gibier de mer à profusion.
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Le village du même nom se trouve adossé à la presqu'île Duval.
C'est ici, à Kégaska - d'après le magistrat Simard (4) - que commence
la grande solitude du Labrador. Plus de bois, plus de végétation, des
terres nues, des roches, des îles et des collines arides qui ne se
couvrent que de mousses [p.117] et de lichens. À
l'intérieur, des savannes immenses et inexplorées, d'où l'on ne tire que
ce que les anglais désignent sous le nom de baked apples, et
que les gens de la côte appellent chicoutai. Cette plante sert à faire
des confitures. Les îles, qui sont pour la plupart des rochers dénudés,
servent de refuge aux oiseaux de mer de tout acabit.
Huit familles de pêcheurs sont fixées sur le bord de la baie et
s'adonnent à la pêche à la morue, du hareng et à celle du homard qui se
prend en grande quantité à la mer et même autour des îlots de la baie.
L'hiver, la chasse rapporte à chaque famille de 80$ à 150$ (5).
Les pêcheurs de Kégaska, se plaignent beaucoup du voisinage des bateaux américains qui viennent pêcher trop près d'eux.
Dans le fond de la baie de Kégaska, à cinq ou six milles de la
rivière du même nom, se rencontre dans le nord-est de la baie une petite
rivière - la petite Kégaska - qui est très riche en truites et où
doivent remonter quelques saumons.
Les rives de ce petit cours d'eau et les lacs qui l'alimentent sont
autant de lieux de nidification pour l'outarde, le cormoran, les canards
noirs et eiders (6).
[Wolf Bay]
[p.125] Signalons ici, en passant, la baie Wolf qui renferme [p.126]
dans ses limites une vingtaine d'îles, et où une homarderie fonctionne.
Cette baie est située à l'ouest du cap Whittle et n'a que six à sept
pieds de profondeur.
Toutes les îles sont à peu près désertes, depuis que les maraudeurs
de la Nouvelle-Écosse s'y abattent et se livrent à un pillage en règle.
A quelque distance de la baie Wolf, se voit l'île Jones qui a un mille et demi de tour et qui est habité par la famille Jones.
L'île est tout-à-fait inculte: ce n'est qu'un rocher couvert de mousse.
La famille Jones fait la pêche au homard l'été et va résider l'hiver dans la baie de Kokonipi, où elle s'occupe de chasse (7).
À 12 milles à l'est, s'offre la Pointe à Morier. C'est un endroit fort giboyeux. Deux familles y demeurent. Il y a ici un bureau de télégraphe, et un appareil Marconi (8).
L'île du Loup ou Wolf a une longueur de trois
quarts de mille et 150 pieds de hauteur. Dans le lointain, elle a
l'apparence de deux montagnes distinctes.
p.127 M. C.-E. Lemoine, dans son rapport de 1906...
Notes de bas de pages
(1) Rapport du commissaire des terres, 1899.
(2) C.-E. Lemoine, A. G. 1900.
(3) Rapport de 1906.
(4) [Note ajouté par le transcripteur] Le magistrat Simard est mentionné dans Statistiques 1900 de
Placide Vigneau à la page 159 : Les premiers magistrats de district qui
parcoururent la Côte du Nord pour y administrer la justice se
faisaient transporter d'un poste à l'autre comme ils le pouvaient et
vers 1880 le magistrat O'Brien descendit à bord d'un petit yacht bâti à
cet effet, le quel fut aussi employé par le magistrat Vallée,
successeur de feu M O'Brien. En 1897 M Simard successeur de M Vallée
descendit à bord d'une petite goëlette de 15 tonneaux, la 'Thémis'
qu'il échangea en 1899 pour la 'George Clark', d'une soixantaine de
tonneaux, appartenant à Luc Cormier et à bord de laquelle il fait
actuellement le service sur la Côte.
(5) C.-E. Lemoine, A.G. 1906.
(6) Notes manuscrites de M. de Puyjalon 1897.
(7) C.-E. Lemoine, 1906.
(8) M.A.E. Jones, rapport de 1906.